L’achat de vêtements labelisés fairtrade bénéficie directement aux agriculteurs de coton, dont ceux du village de Bhajiguda, situé dans l’état de l’Odisha en Inde, une région connue pour ses records de températures.

Des femmes du villages de Kadalimundo restent devant leur maison à observer se qu’il se passe dans la rue, 11 décembre 2017.

En 5 ans, un groupe de femmes est parvenu à générer de nouvelles activités économiques, inversant la dynamique d’exode rural au sein de leur village. Leur nom, yellow gang, fait référence aux saris jaunes, achetés suite à leurs premiers succès économiques. Elles les portent désormais fièrement, en symbole de leur force. A travers les yeux d’une de ces femmes, Fulma, ce reportage permet de mieux comprendre les défis d’une communauté d’agriculteurs de coton biologique.

L’Inde compte parmi les 5 plus grands exportateurs mondiaux de coton, la fibre naturelle la plus utilisée dans l’habillement. Pratima est une coopérative paysanne, partenaire d’Oxfam. Elle rassemble 3679 fermiers.

Notre rôle est de renforcer les paysans indiens pour qu’ils puissent faire leurs propres choix et prendre une position de leaders

Pravakar, directeur des programmes chez Pratima.

Patti, coordinateur de projets chez Pratima, se souvient de sa première visite dans le village de Bhajiguda, situé dans l’une des régions les plus chaudes de l’Inde, en Odisha : “il n’y avait que quelques personnes âgées livrées à elles-mêmes. C’était désolant”.

Pendant la saison sèche qui s’étend de mars à juin, il peut faire jusqu’à 45°. Il n’y a pas moyen de cultiver. Faute de moyens suffisants, les femmes et hommes valides n’ont souvent pas d’autre choix que de quitter leur village pour aller travailler dans des fours à briques où les conditions s’apparentent à de l’esclavage moderne.

Des membres de Dangerbudha, un groupe d’auto-entraide de femmes du village de Singpali se reposent sur un tas de terre cuite qui servira à fabriquer des briques. En Inde, un self help group est un groupe d’entraide féminin qui met en place des activités communes génératrices de revenus. Lorsque ces revenus sont suffisants, les membres peuvent tour à tour solliciter un prêt à taux réduit ou décider d’investir dans des projets communs. le 12 décembre 2017.
Fulma, 30 ans, compte parmi les 12 membres du self help group qui a été créé en 2013 grâce à l’intervention de Pratima. Aujourd’hui trésorière, elle utilise l’image d’une échelle pour parler de ce que représente le groupe pour elle : “le premier échelon, ça a été de créer un espace d’expression et de fraternité pour nous les femmes. Un espace où on peut partager librement nos joies, nos peines, nos préoccupations et où on peut échanger nos idées pour améliorer notre communauté”, le 12 décembre 2017.

Au début, nous étions en train de chercher ce que nous pourrions faire pour gagner de l’argent en dehors de la saison de récolte. L’idée nous est soudain apparue clairement : ce qu’on sait faire, c’est des briques ! On a décidé de se lancer dans la construction de briques ici, dans notre village

Fulma, trésorière du self-help group

Avec le soutien de la coopérative Pratima, les femmes démarrent leurs activités. Elles cherchent ensuite des opportunités de vente. Un programme gouvernemental de construction de maisons achète toute la production mais demande un délai d’attente pour le paiement. Au bout de 3 mois, le gouvernement paie, ajoutant même un supplément. Les femmes décident de consacrer ce montant à l’achat de saris jaunes qu’elles portent désormais fièrement : “c’est un symbole de notre force et de notre capacité à gérer ensemble des activités économiques. On nous surnomme le “yellow gang”.