Stigmatisé par la prostitution, vampirisé par les promoteurs immobiliers, longtemps méprisé par les pouvoirs publics à cause de sa population bigarrée, le quartier Nord, à Bruxelles, a su résister jusqu’ici à tous les assauts.

Le quartier Nord, de l’autre côté de la ligne de chemin de fer.

Tiraillés entre la tradition marocaine et la culture occidentale, certains de ses habitants sont emblématiques de la vie chahutée du quartier Nord. Les filles de joie à moitié nues de la rue d’Aerschot, qui aligne près d’une centaine de vitrines aguicheuses, côtoient les femmes voilées de la rue de Brabant, dont les échoppes d’épices orientales et de théières argentées exhalent un enivrant parfum de souk.

La beauté du quartier Nord, ce sont les gens!

Les jeunes du quartier Nord, dont on parle souvent avec préjugés et stéréotypes, flânent pour tromper leur ennui, sur les places du quartier devant les murs couverts de tags, expression de leur regard sur leur société, ou au pied de ces immeubles du quartier dont la froideur contraste avec leur fureur de vivre.

Jeunes du quartier Nord, à la Résidence Nord, au coin de la rue Gaucheret et de la rue du Progrès

J’aime bien le Quartier Nord mais dans vingt ans, ce sera comme dans le film de Luc Besson « Banlieue 13 »

J’ai été contacté par la police de Saint-Josse et de Schaerbeek pour parler de la délinquance aux jeunes dans les écoles. Je vais accepter pour taper la morale!

Mohamed: « C’est excitant de tagger partout dans Bruxelles et pour moi, c’est un moyen d’être reconnu par les initiés »

Je n’accepte pas de string ou de bikini en vitrine, surtout avec trois écoles à côté!

Lorsqu’un gamin turc ou marocain demande à son père, occupé à chercher une place de parking, ce que fabriquent les dames dans les vitrines, il s’entend généralement répondre: « Elles vendent des maillots de bain! »

Ce qui est dit ici ne sort pas d’ici!

Marie, une prostituée et un client. « Je parle très peu de moi. De la pluie et du beau temps, du dernier match qu’on a vu à la télé. Ils ne sont pas ici pour entendre mes problèmes! »
Christina, patronne grecque du Café Le Majestic. « En 1989, mon père a accueilli dans ce bistrot, encore fréquenté par une majorité de Belges à l’époque, les premiers chauffeurs d’autocar arrivés de Pologne. Depuis lors, le café n’a pas désempli de clients polonais » Aujourd’hui, Christina est mariée à un …Polonais.

Le parc est de plus en plus menacé par les chantiers de nouveaux bureaux. On est comme un petit village qui résiste à l’envahisseur!

Parc Gaucheret, les grues dominent toujours le quartier Nord avec arrogance.