Un cimetière provisoire créé en 1919 au lendemain de la Grande Guerre et contenant encore des corps a été découvert en Meuse à l’occasion de fouilles archéologiques.

Frédéric Adam montre le crâne d’un soldat mort par un coup de pioche. La poursuite de l’étude des ossements et des autres éléments enterrés, notamment des uniformes, permettront cependant aux archéologues d’affiner la connaissance des conditions de vie des soldats et, pour certains, potentiellement retrouver leur identité.

Dans la Meuse, Spincourt a fait l’objet de fouilles importantes. Une équipe de chercheurs de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) avait sur ce secteur des suspicions de vestiges protohistoriques.

Historiquement, on sait que les soldats sont morts en masse tel jour, sur tel secteur lors de tirs d’artillerie ou sous les obus, mais on ne sait pas comment ils sont morts individuellement

Frédéric Adam, archéo-anthropologue à l’Inrap travaille sur place avec dix archéologues. Le chantier, démarré le 6 novembre 2017 sur prescription de l’État, a mis à jour environ 400 tombes. Les conditions climatiques des prochaines semaines ont mis à l’arrêt le chantier.

Un diagnostic archéologique réalisé en février avait permis d’identifier la présence d’un ancien cimetière militaire contenant encore des tombes de soldats français et alliés tués au combat lors de la Grande Guerre. Aujourd’hui, environ 450 cercueils en bois, dont un tiers renfermait la dépouille d’un ou de plusieurs soldats – jusqu’à une douzaine, parfois. Des nombreux objets ont pu être récupérés: baïonnettes, cartouches, monnaies, crucifix, médailles pieuses et chapelets, ceinturons, miroirs de poche publicitaires ou encore «du nécessaire à coudre pour rafistoler son uniforme»…

Les archéologues mettent au jour des fosses individuelles contenant un ou plusieurs corps, complet(s) ou partiel(s). Plusieurs fosses collectives, regroupant de quatre à soixante-cinq personnes, sont retrouvées sur le site.

Le travail mené vise à déterminer qui sont ces personnes, à quel régiment elles appartenaient, comment elles étaient habillées, quel était leur état sanitaire et comment elles sont décédées.

Frédéric Adam met à jour une machoire d’un soldat. Suite aux premières analyses, il apparaît que ces hommes seraient morts sur le champ de bataille en août 1914 lors de la Bataille des Frontières, peu après la déclaration de guerre.

Les archéologues ont mis au jour des fosses individuelles contenant un ou plusieurs corps, complet(s) ou partiel(s). Plusieurs fosses collectives, regroupant de quatre à soixante-cinq personnes, ont été retrouvées sur le site. Tous les corps ont été enterrés dans un contenant, un cercueil ou un ossuaire, de manière isolée ou groupée. Aux ossements, se mélangaient des effets personnels (médailles religieuses, appareil dentaire, etc.), des chaussures, des morceaux de tissus ou éléments métalliques des uniformes (boutons, cartouchières, etc.), des éléments de sépultures (couronnes funéraires, plaques,…).

Les chaussures sont riches d’enseignements sur leurs propriétaires. Les brodequins réglementaires étaient portés par les soldats d’actif, les souliers civils par les réservistes.

On est vraiment dans l’humain, on arrive à savoir de quoi ils sont morts, à les identifier, à remonter le fil

Cette découverte pose le problème de la gestion des morts de masse et du rôle des fossoyeurs de l’époque. Suite à la loi de 1920 visant à restituer les corps des soldats aux familles, une déclaration officielle stipule que le cimetière de Spincourt et l’ensemble des corps ont été transférés au cimetière de Pierrepont en 1924 ou rendus aux familles. Force est de constater qu’une grande partie des soldats ont été oubliés ou seulement partiellement prélevés.

Frédéric Adam, archéo-anthropologue à l’Institut national d’archéologie préventive (Inrap) retire un crâne d’un soldat du cercueil en bois, rempli d’eau à cause des pluies. Le crâne troué à l’arrière donne des informations sur le décès du soldat

Un cimetière d’après-guerre qui fait le lien entre les champs de bataille et la nécropole, c’est la première fois qu’on en découvre un.

Les ossements sont transférés au laboratoire de l’Inrap à Metz où les squelettes seront reconstitués. Une fiche biologique sera établie pour chaque individu avec son âge supposé, sa stature, les traces éventuelles de pathologies traumatiques ou d’infections, puis comparée avec les archives militaires pour établir l’identité de la dépouille.

Les ossements sont transférés au laboratoire de l’Inrap à Metz où les squelettes seront reconstitués. Une fiche biologique sera établie pour chaque individu avec son âge supposé, sa stature, les traces éventuelles de pathologies traumatiques ou d’infections, puis comparée avec les archives militaires pour établir l’identité de la dépouille.

C’est un travail entre l’histoire, l’archéologie, l’anthropologie et la médecine légale

Les ossements sont transférés au laboratoire de l’Inrap à Metz où les squelettes seront reconstitués. Une fiche biologique sera établie pour chaque individu avec son âge supposé, sa stature, les traces éventuelles de pathologies traumatiques ou d’infections, puis comparée avec les archives militaires pour établir l’identité de la dépouille.